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ARTMIC, Art and Modern Ideology for Creation
Par Nicolas, le 13/5/2020 à 21:28.
Sous-catégorie(s) :
artmic, kenichi sonoda, shinji aramaki, hideki kakinuma, aic, megazone 23, techno police 21c, bubblegum crisis, dragon's heaven, mospeada, toshimitsu suzuki, science-fiction, cyberpunk, mecha, studio
Comment:
Fondé en 1978 par Toshimitsu Suzuki, le studio ARTMIC s'est imposé dans les années 1980 pour ses design et ses OVA à l'ambiance techno-futuristes et pop rock. C'est ici que les mecha-designer Shinji Aramaki et Hideki Kakinuma, ainsi que le chara-designer Kenichi Sonoda ont fait leur début dans le monde de l'animation. Focus.
Tout d'abord, notons qu'ARTMIC n'a jamais vraiment été un studio de production traditionnel comme Tôei Animation ou Madhouse, mais plutôt un studio de designers et de générateurs d'idées. Il y a une petite équipe d'animateurs bien sûr, mais ce n'est pas tellement ce qu'on retient dans toute l'aventure du studio. Un autre point intéressant de l'histoire d'ARTMIC, ce sont les allers et venus des designers entre les autres studios qui ont permis de préserver, sinon de créer des liens étroits avec d'autres personnalités déjà très reconnues dans le milieu de l'animation. Je pense au chara-designer Yoshitaka Amano chez Tatsunoko (que Suzuki fréquentait probablement quand il travaillait à Tatsunoko), au mecha-designer Shôji Kawamori du Studio Nue, ou encore au réalisateur Noboru Ishiguro chez Artland. C'est cette proximité qui en a fait l'un des meilleurs studios du milieu de l'OVA des années 1980.
Leur première production, le film Techno Police 21C, est une collaboration avec le studio Nue imaginée par Toshimitsu Suzuki. Initialement, Techno Police aurait dû être une série TV. Mais au bout de 4 ans, le contenu produit n'équivalait qu'à celui d'un seul épisode. Le film n'est finalement qu'un remontage un peu casse gueule de tout ce qui a été produit à droite et à gauche, et peut être perçu comme un prototype de Bubblegum Crisis.
Pour autant, ce n'est pas avec Techno Police 21C qu'ARTMIC garantit son succès, mais plutôt avec Megazone 23. Le premier OVA, réalisé par Noboru Ishiguro (Artland) en 1985, consolide définitivement les fondations du média vidéo entamé par Dallos deux ans plus tôt.
Il y aurait beaucoup à dire sur Megazone 23. Notamment sur le fait qu'il ouvre la voie au genre cyberpunk dans l'animation, sur ses inspirations et ses influences, de Macross à Blade Runner, on pourrait également penser aux nombreuses similitudes avec le futur Matrix (bien que les soeurs réalisatrices disent bien qu'elles ne l'ont jamais vu avant la prod' du film dans une interview ici. Mais je comprends tout à fait qu'on puisse en douter). Son équipe, issue de la partie Artland de Macross, collabore avec eux en reprenant des idées de Mospeada. Et c'est d'ailleurs pour cette raison que Macross, Mospeada et Megazone 23 (sans oublier Orguss) forme ce monstre bizarroïde tout droit sorti d'un autre système : Robotech. Tout cela mériterait bien plus qu'un simple paragraphe, sinon on s'y perdrait très vite.
Entre ces deux productions, ARTMIC a donc travaillé sur la série Genesis Climber Mospeada. Sauf erreur, il s'agirait d'une idée de Shinji Aramaki et de Hideki Kakinuma qui désiraient produire une vision SF du débarquement de Normandie. Ils sont d'ailleurs les mecha-designers attitrés du show. Là encore, c'est une collaboration avec Tatsunoko et Yoshitaka Amano. Mais ce que je n'arrive pas encore à expliquer, c'est le choix de Katsuhisa Yamada au poste de réalisateur en chef. Peut-être la perte soudaine de son emploi après la fermeture de Topcraft ? Je cherche encore, mais n'hésitez pas à me le faire savoir si l'un d'entre vous à la réponse.
On en vient ensuite aux franchises Gall Force et Bubblegum. Celles-ci mettent en relief le travail de Kenichi Sonoda, dont les filles très énergiques et sexy ont fait de lui l'un des chara-designer préférés des otakus. Chacune d'elles comporte leur lot de suites et de spin-off qui ont, là encore, marqué définitivement l'histoire de l'OVA de science-fiction. Tout comme Megazone 23, ces franchises ont beaucoup à raconter, aussi je ne m'étalerai pas plus ici.
On peut aussi constater le lien très étroit entre ARTMIC et les magazines pour otaku et amateurs de maquette pro-Bandai : B-Club, Model Graphix et Hobby Japan. Outre Gall Force, dont l'histoire initiale a été publiée dans Model Graphix, c'est dans ces magazines qu'on pouvait découvrir à l'avance une majorité de leur croquis préparatoires. D'une certaine manière, c'est aussi cette forme de publicité qui a permis au marché vidéo de prospérer. Mais il est évident que c'est plus souvent avec ces trois magazines qu'avec Animage qu'ARTMIC s'est fait connaître.
Une autre personnalité à évoquer est sans doute Makoto Kobayashi, et en particulier son Dragon's Heaven, une oeuvre très inspirée par l'univers de Mœbius. Dragon's Heaven n'était à l'origine qu'une petite idée que Kobayashi a présenté à Bandai. Intéressé, ce dernier lui propose de réaliser une maquette du robot. Cette histoire a débuté avant la diffusion de Macross en 1982, mais celle-ci a finalement chamboulé les perspectives et tout le monde ne jurait plus que par le robot transformable. Badai a ainsi proposé à Kobayashi de revoir son robot pour qu'il puisse se transformer, mais cela n'a pas fonctionné et son projet a été annulé. Celui-ci refait surface quatre ans plus tard quand la rédaction du magazine Model Graphix l'appelle pour lui proposer de dessiner un manga. Il n'a que deux semaines car il doit remplacer un autre mangaka, aussi il reprend en vitesse ses idées de Dragon's Heaven pour en faire une véritable publication mêlant à la fois dessin, maquette et photo-montage. Je m'arrête là pour la conception de l'oeuvre, mais j'essaierai de présenter l'ouvrage dans un prochain article. Et bien entendu, si j'en parle c'est parce que Dragon's Heaven a aussi été adapté en OVA par ARTMIC et AIC en 1988.
Dans le courant des années 1990, le Japon connait l'éclatement de sa bulle économique. En plus de devoir tout miser sur LE titre a succès permettant sa survie, ARTMIC a connu des soucis financiers avec la société Youmex. Alors en faillite, le studio doit fermer ses portes en 1997. Les droits de l'ensemble de leur catalogue sont ensuite récupérés par AIC (Anime International Company), société avec qui ARTMIC collabore depuis 1992. Malgré ça, le studio ARTMIC résonne encore dans le cœur des fans de leurs productions, même dans ceux qui les ont découvert bien longtemps après. Les histoires, les design des robots, l'ambiance de chaque OVA a su influencer tant d'autres créateurs comme Mœbius avait su le faire en son temps (et Metal Hurlant dans une plus large mesure). C'est en cela qu'il est, pour moi, l'un des plus grands studios des années 1980.
Je pourrais m'étaler plus ou moins longuement sur chaque production d'ARTMIC, et je constate que l'article est déjà bien trop long comme ça, donc je songe a explorer quelques détails différemment. L'ébauche de l'article était clairement moins volumineux quand j'ai commencé à l'écrire il y a deux semaines, mais ça commence sérieusement à devenir complexe d'assembler les pièces du puzzle. Promis, j'y reviendrai, mais reste à savoir quand...
Productions (ébauche)
Notes diverses
Son nom a été changé en Wiz Corporation en 1980, mais il a repris son nom initial l'année suivante.
Ressources en ligne
Anime Archeology: Kichijoji's ARTMIC Building, Sean O'mara, 12 déc. 2016. (en anglais)
Bibliographie
The Anime Encyclopedia, 3rd Revised Edition: A Century of Japanese Animation (en anglais)
Artmic Design Works (B-Club Special) (en japonais)
B-CLUB #29 (en japonais)
Tout d'abord, notons qu'ARTMIC n'a jamais vraiment été un studio de production traditionnel comme Tôei Animation ou Madhouse, mais plutôt un studio de designers et de générateurs d'idées. Il y a une petite équipe d'animateurs bien sûr, mais ce n'est pas tellement ce qu'on retient dans toute l'aventure du studio. Un autre point intéressant de l'histoire d'ARTMIC, ce sont les allers et venus des designers entre les autres studios qui ont permis de préserver, sinon de créer des liens étroits avec d'autres personnalités déjà très reconnues dans le milieu de l'animation. Je pense au chara-designer Yoshitaka Amano chez Tatsunoko (que Suzuki fréquentait probablement quand il travaillait à Tatsunoko), au mecha-designer Shôji Kawamori du Studio Nue, ou encore au réalisateur Noboru Ishiguro chez Artland. C'est cette proximité qui en a fait l'un des meilleurs studios du milieu de l'OVA des années 1980.
Pour autant, ce n'est pas avec Techno Police 21C qu'ARTMIC garantit son succès, mais plutôt avec Megazone 23. Le premier OVA, réalisé par Noboru Ishiguro (Artland) en 1985, consolide définitivement les fondations du média vidéo entamé par Dallos deux ans plus tôt.
Il y aurait beaucoup à dire sur Megazone 23. Notamment sur le fait qu'il ouvre la voie au genre cyberpunk dans l'animation, sur ses inspirations et ses influences, de Macross à Blade Runner, on pourrait également penser aux nombreuses similitudes avec le futur Matrix (bien que les soeurs réalisatrices disent bien qu'elles ne l'ont jamais vu avant la prod' du film dans une interview ici. Mais je comprends tout à fait qu'on puisse en douter). Son équipe, issue de la partie Artland de Macross, collabore avec eux en reprenant des idées de Mospeada. Et c'est d'ailleurs pour cette raison que Macross, Mospeada et Megazone 23 (sans oublier Orguss) forme ce monstre bizarroïde tout droit sorti d'un autre système : Robotech. Tout cela mériterait bien plus qu'un simple paragraphe, sinon on s'y perdrait très vite.
Psycho Police 21C & Megazone 23 / © Tatsunoko, Studio Nue, Artland, ARTMIC
Entre ces deux productions, ARTMIC a donc travaillé sur la série Genesis Climber Mospeada. Sauf erreur, il s'agirait d'une idée de Shinji Aramaki et de Hideki Kakinuma qui désiraient produire une vision SF du débarquement de Normandie. Ils sont d'ailleurs les mecha-designers attitrés du show. Là encore, c'est une collaboration avec Tatsunoko et Yoshitaka Amano. Mais ce que je n'arrive pas encore à expliquer, c'est le choix de Katsuhisa Yamada au poste de réalisateur en chef. Peut-être la perte soudaine de son emploi après la fermeture de Topcraft ? Je cherche encore, mais n'hésitez pas à me le faire savoir si l'un d'entre vous à la réponse.
On en vient ensuite aux franchises Gall Force et Bubblegum. Celles-ci mettent en relief le travail de Kenichi Sonoda, dont les filles très énergiques et sexy ont fait de lui l'un des chara-designer préférés des otakus. Chacune d'elles comporte leur lot de suites et de spin-off qui ont, là encore, marqué définitivement l'histoire de l'OVA de science-fiction. Tout comme Megazone 23, ces franchises ont beaucoup à raconter, aussi je ne m'étalerai pas plus ici.
Gall Force / © ARTMIC, AIC
On peut aussi constater le lien très étroit entre ARTMIC et les magazines pour otaku et amateurs de maquette pro-Bandai : B-Club, Model Graphix et Hobby Japan. Outre Gall Force, dont l'histoire initiale a été publiée dans Model Graphix, c'est dans ces magazines qu'on pouvait découvrir à l'avance une majorité de leur croquis préparatoires. D'une certaine manière, c'est aussi cette forme de publicité qui a permis au marché vidéo de prospérer. Mais il est évident que c'est plus souvent avec ces trois magazines qu'avec Animage qu'ARTMIC s'est fait connaître.
Une autre personnalité à évoquer est sans doute Makoto Kobayashi, et en particulier son Dragon's Heaven, une oeuvre très inspirée par l'univers de Mœbius. Dragon's Heaven n'était à l'origine qu'une petite idée que Kobayashi a présenté à Bandai. Intéressé, ce dernier lui propose de réaliser une maquette du robot. Cette histoire a débuté avant la diffusion de Macross en 1982, mais celle-ci a finalement chamboulé les perspectives et tout le monde ne jurait plus que par le robot transformable. Badai a ainsi proposé à Kobayashi de revoir son robot pour qu'il puisse se transformer, mais cela n'a pas fonctionné et son projet a été annulé. Celui-ci refait surface quatre ans plus tard quand la rédaction du magazine Model Graphix l'appelle pour lui proposer de dessiner un manga. Il n'a que deux semaines car il doit remplacer un autre mangaka, aussi il reprend en vitesse ses idées de Dragon's Heaven pour en faire une véritable publication mêlant à la fois dessin, maquette et photo-montage. Je m'arrête là pour la conception de l'oeuvre, mais j'essaierai de présenter l'ouvrage dans un prochain article. Et bien entendu, si j'en parle c'est parce que Dragon's Heaven a aussi été adapté en OVA par ARTMIC et AIC en 1988.
Dragon's Heaven / © Makoto Kobayashi, ARTMIC & AIC
Dans le courant des années 1990, le Japon connait l'éclatement de sa bulle économique. En plus de devoir tout miser sur LE titre a succès permettant sa survie, ARTMIC a connu des soucis financiers avec la société Youmex. Alors en faillite, le studio doit fermer ses portes en 1997. Les droits de l'ensemble de leur catalogue sont ensuite récupérés par AIC (Anime International Company), société avec qui ARTMIC collabore depuis 1992. Malgré ça, le studio ARTMIC résonne encore dans le cœur des fans de leurs productions, même dans ceux qui les ont découvert bien longtemps après. Les histoires, les design des robots, l'ambiance de chaque OVA a su influencer tant d'autres créateurs comme Mœbius avait su le faire en son temps (et Metal Hurlant dans une plus large mesure). C'est en cela qu'il est, pour moi, l'un des plus grands studios des années 1980.
Je pourrais m'étaler plus ou moins longuement sur chaque production d'ARTMIC, et je constate que l'article est déjà bien trop long comme ça, donc je songe a explorer quelques détails différemment. L'ébauche de l'article était clairement moins volumineux quand j'ai commencé à l'écrire il y a deux semaines, mais ça commence sérieusement à devenir complexe d'assembler les pièces du puzzle. Promis, j'y reviendrai, mais reste à savoir quand...
Productions (ébauche)
1982 | Techno Police 21C | Film | En collaboration avec le studio Nue. |
1983 | Genesis Climber Mospeada | Série TV | En collaboration avec le studio Tatsunoko. |
1984 | Chôkôsoku Galvion | Série TV | Le logo de la série est signé Gaku Miyao. |
1985 | Genesis Climber Mospeada: Love Live Alove | OVA | En collaboration avec le studio Tatsunoko. |
Megazone 23 | OVA | En collaboration avec AIC. | |
1986 | Wannabe's | OVA | |
Megazone 23 Part II | OVA | En collaboration avec AIC. | |
Gall Force Eternal Stories | OVA | ||
1987 | Bubblegum Crisis | OVA | |
Gall Force 2: Destruction | OVA | ||
Katte ni Shirokuma | |||
Metal Panic Madox-01 | OVA | ||
Daigaioh | OVA | ||
1988 | Dragon's Heaven | OVA | |
Hades Project Zeorymer | OVA | Production d'animation uniquement | |
The Ten Little Gall Force | OVA | ||
Gall Force 3: Stardust War | OVA | ||
1989 | Riding Bean | OVA | |
Rhea Gall Force | OVA | ||
Megazone Part III | OVA | ||
Gall Force Chikyû shô | OVA | ||
1990 | A.D. Police | OVA | |
Bôken Iczer 3 | OVA | ||
The Hakkenden | OVA | ||
1991 | Bubblegum Crash | OVA | |
Detonator Orgun | |||
Gall Force: Shin Sekai-hen | OVA | ||
1992 | Sôsei Kishi Gaiarth | OVA | |
Scamble Wars | OVA | ||
1993 | Casshern | OVA | |
1994 | Genocyber | OVA | |
Gatchaman | OVA | Series Composition, Collaboration avec Tatsunoko | |
1995 | Bishôjo Yûgekitai Battle Skipper | OVA | |
1996 | Power Dolls | OVA | |
Gall Force: The Revolution | OVA |
Notes diverses
Son nom a été changé en Wiz Corporation en 1980, mais il a repris son nom initial l'année suivante.
Ressources en ligne
Anime Archeology: Kichijoji's ARTMIC Building, Sean O'mara, 12 déc. 2016. (en anglais)
Bibliographie
The Anime Encyclopedia, 3rd Revised Edition: A Century of Japanese Animation (en anglais)
Artmic Design Works (B-Club Special) (en japonais)
B-CLUB #29 (en japonais)
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